Dans l’imaginaire collectif des Congolais, travailler la terre appartient aux pauvres et aux illettrés. Pourtant la terre dessine l’avenir et la richesse de demain. Le champ est vu comme une punition, alors que c’est tout le contraire, comme l’avait dit le laboureur à ses enfants. Cet article a été publié originalement sur Habari RDC.
Dès le primaire, au Congo, aller à l’école est le meilleur moyen d’éviter d’accompagner les parents chaque jour au champ. Et à l’école, les plus grandes bêtises des élèves sont punies par des travaux manuels, tels que débroussailler une surface de terre donnée. Puis, les élèves passent une partie des vacances à réaliser des travaux champêtres forcés. Un très mauvais souvenir de vacances ! Au final, le champ devient l’incarnation de la punition pour les jeunes Congolais.
Choisir l’oisiveté au lieu des travaux champêtres : une grosse erreur
Les enfants comprennent alors que pour ne pas ressembler aux parents qui passent leur vie à travailler le sol, il faut étudier, réussir pour obtenir un bon travail de bureau. Mais le problème c’est qu’après des années d’études, mêmes universitaires, le travail dans un bureau climatisé n’est pas garanti ! Ayant bien conscience que l’agriculture rime avec punition, ou un aveu d’échec, des jeunes intellectuels chômeurs choisissent alors une vie d’oisiveté en ville plutôt que de travailler la terre. Pourtant, la terre c’est ce qui nourrit la plupart des familles paysannes.
Aujourd’hui, la plus grande motivation de celui qui choisit d’étudier les sciences agronomiques est d’obtenir un gros salaire, sans jamais avoir à cultiver lui-même. Il rêve d’un poste de chef d’exploitation agricole, par exemple. Et s’il n’y parvient pas, il préfère fainéanter en ville et manger aux frais des parents qui eux, travaillaient au champ bien avant sa naissance et ont financé ses études au fruit de leur labeur.
Il faut apprendre de la houe !
Pourtant, ces parents agriculteurs ont un adage plein de sens : « La houe ne trompe jamais », me dit souvent ma mère. Cela signifie : quelle que soit la récolte, bonne ou mauvaise, il y a toujours du positif, un gain en nature ou en apprentissage que l’on acquiert ! La moindre des choses serait que l’apprentissage à l’école permette à chaque jeune agriculteur d’améliorer la rentabilité des méthodes traditionnelles utilisées par nos parents.
Le premier pas vers le développement d’un pays passe par la houe. C’est après une production alimentaire satisfaisant la demande nationale que l’on peut commencer à penser à autre chose. La pyramide des besoins de Maslow est bien claire : « Il faut satisfaire les besoins élémentaires pour penser aux besoins de réalisation de soi. » Un ventre vide ne pourrait créer un homme intelligent.
La réussite de Butembo comme témoignage parlant
Butembo, dans le Nord-Kivu, est l’exemple que la terre est la source de toute richesse. Une ville commerciale de renom avec des grands noms dans l’import-export. Une grande partie des grands commerçants de Butembo raconte les mêmes choses : « Le début c’était la houe ! » Une production d’ail ou d’oignons qu’ils allaient vendre dans des villes lointaines, comme Kisangani, à 800 kilomètres. Ce sont les gains de ces produits champêtres qui ont permis la constitution des premiers capitaux de ces entreprises qui sont devenus des conglomérats comme les Ets Palos ou Kamungele.
Alors, chers diplômés congolais au chômage, il est temps de ne plus perdre son temps en ville. Allons travailler dans les champs pour construire notre vie et participer à l’émergence de notre nation et d’une Afrique forte !