Noix de Macadamia avec coque et graines de la noix de la noix de la macadamia. Crédit Photo: Hervé Mukulu

Nord-Kivu : la noix de macadamia, un futur “or vert” sur les traces du cacao

Cela fait seulement moins de cinq ans que les agriculteurs ont été sensibilisés à adopter cette culture dans la province du Nord-Kivu (RDC). Mais en raison de ses fortes potentialités, les plantules de macadamia sont demandées par de nombreux agriculteurs. Ces derniers espèrent que cette culture surpassera celle du cacao, dont les rendements, entre fortunes et difficultés, font des heureux avec un prix du kilogramme dépassant les 6$. En comparaison, le prix du kilo de macadamia oscillerait  entre 8 et 14.

Noix de macadamia frais après cueillette à droite et sec après séchage à gauche. ©Droits des tiers

La noix de macadamia : un fruit aux origines lointaines

La noix de macadamia, également appelée noix du Queensland, provient du macadamier, un arbre tropical originaire de l’État du Queensland, dans le Nord-Est de l’Australie. Sa découverte remonte à 5000 ans, où elle était déjà prisée par les peuples aborigènes. Elle fut ensuite documentée scientifiquement en 1858 par deux botanistes anglais lors de leurs recherches en Australie.

La variété cultivée par l’homme commence à produire des fruits après 7 ans, bien que certaines variétés modernes, issues de greffage, puissent produire en moins de 5 ans. Au fil du temps, cet arbuste, planté à intervalles supérieurs à 5 mètres, peut atteindre une hauteur de 30 mètres.

Valeurs nutritives et médicinales de la noix de macadamia

La noix de macadamia est un fruit particulièrement riche en lipides, minéraux, oligo-éléments, vitamines, acides aminés et graisses saines. Grâce à sa composition, elle possède des vertus protectrices contre les maladies cardiovasculaires en réduisant les niveaux de cholestérol, en limitant la formation de plaques d’athérome et en abaissant les marqueurs du stress oxydatif.

En outre, la noix de macadamia est également utilisée en cosmétique pour prévenir le dessèchement de la peau et pour la fabrication d’huiles de massage.

Production de noix de macadamia : Perspectives et évolutions

Pour la période de 2021 à 2031, les cinq grandes régions concernées par le marché de la noix de macadamia sont : l’Amérique du Nord, l’Europe, la région Asie-Pacifique (APAC), le Moyen-Orient et l’Afrique (MEA), ainsi que l’Amérique du Sud.

En Afrique, l’Afrique du Sud a connu une augmentation spectaculaire de sa production de noix de macadamia.

En 1991, la production sud-africaine était de 1 211 tonnes. En 2019, cette production a atteint près de 60 000 tonnes, cultivées sur une superficie de 44 775 hectares. Cette production de 2019 a généré une valeur de 262 millions d’euros et créé environ 10 000 emplois.

Au Kenya, l’avenir de la noix de macadamia semble de plus en plus prometteur, notamment grâce à l’installation d’usines de transformation avant exportation. Cette initiative ajoute une valeur ajoutée à la production, crée des emplois, génère des devises pour l’État kényan et améliore le bien-être des agriculteurs du secteur.

Macadamia : un levier pour améliorer les conditions de vie des agriculteurs au Burundi et en RDC

Au Burundi, la culture de la noix de macadamia contribue à l’amélioration des conditions de vie des agriculteurs. Importée du Kenya et distribuée gratuitement aux agriculteurs en 2005 par le gouvernement burundais, cette culture a d’abord suscité des réticences.

Cependant, avec le temps, ces appréhensions ont laissé place à un optimisme croissant, car les agriculteurs constatent des gains de plus en plus importants grâce à cette culture.

Cet espoir se propage aujourd’hui en République Démocratique du Congo, plus précisément dans la province du Nord-Kivu, où une organisation privée, SOPHIN Sarl, sensibilise les populations à la culture du macadamia depuis moins de 5 ans, notamment dans le territoire de Beni.

L’accueil de cette culture est de plus en plus favorable, car la région, réputée pour sa forte activité agricole, a connu l’âge d’or du café et traverse actuellement un véritable boom du cacao, une culture qui s’impose comme une source importante de devises pour le pays.

Cependant, dans un pays où l’industrie minière domine, une grande partie des revenus générés par les minerais congolais échappe au pays, puisque ces minerais sont exportés sous forme brute. En parallèle, le matériel et les équipements importés, ainsi que les cadres des entreprises financées par des investisseurs étrangers, ne permettent pas au Congo de bénéficier pleinement des richesses extraites.

Le pays se contente des taxes générées, dont une part importante ne profite pas à la population, ainsi que des salaires des travailleurs, souvent employés en sous-traitance et mal rémunérés.

Agriculture pérenne : un modèle qui profite à l’agriculteur

Contrairement aux exigences d’une agriculture fortement mécanisée, l’agriculture pérenne, qui se pratique sur les sols riches et fertiles de la République Démocratique du Congo, ne nécessite pas une grande mécanisation pour son entretien.

De plus, avec l’approche bio privilégiée, l’agriculteur bénéficie directement de sa production, vendant un produit dont il est le producteur, tout en profitant des taxes à l’exportation que perçoit le gouvernement.

Après plusieurs décennies d’abandon de la culture du café, celle-ci connaît aujourd’hui un renouveau. Grâce à l’apprentissage des bonnes pratiques d’entretien dispensées gratuitement par les coopératives d’exportation, les agriculteurs se voient formés sans frais. En contrepartie, ils s’engagent à vendre leur production à ces entreprises, créant ainsi un cercle vertueux pour les producteurs.

L’adoption du macadamia comme alternative durable en RDC

C’est dans l’espoir qu’offrent des cultures comme le cacao et le café face aux industries minières que les agriculteurs congolais se tournent progressivement vers le macadamia. Des projets visant à installer des usines de conditionnement sont actuellement en cours, dans le but de répondre aux exigences d’exportation et de diversifier les produits dérivés de la noix.

En République Démocratique du Congo, la fourchette de prix au détail de la noix de macadamia varierait entre 8,58 USD et 14,30 USD par kilogramme, soit entre 3,89 USD et 6,48 USD par livre (lb) selon les données de Selina Wamucii

La culture du macadamia représente également une alternative durable, contribuant activement à la réduction du déboisement en RDC. En plantant des arbres de macadamia, les agriculteurs favorisent la reforestation et la préservation des écosystèmes locaux, selon l’entreprise SOPHIN Sarl.

Hervé Mukulu

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