Sud-Kivu : une étude récente explore la relation entre la formation des bouviers et les méthodes d’acquisition des connaissances, des pratiques et des techniques liées au gardiennage des vaches

Une étude réalisée en province du Sud-Kivu, dans l’est de la République Démocratique du Congo, et publiée dans la revue  Parcours et Initiatives de l’Université Catholique du Graben, examine le lien entre la formation des bouviers et les objectifs de l’élevage de vaches dans cette région réputée pour son activité d’élevage. Une étude qui pourrait bien participer à l’amélioration de la production qui est insuffisante par rapport à la demande.

Les programmes d’élevage accordent rarement une attention particulière aux bouviers, ces gardiens des animaux. En surveillant et en faisant paître le troupeau, le bouvier est responsable de la gestion des pâturages tant sur le plan temporel que spatial, tout en garantissant une alimentation adéquate pour le bétail et la préservation des ressources pastorales. Il veille également à la santé des animaux, surveillant leur état physique, leur comportement et leur apportant les soins nécessaires en cas d’urgence. Dans un contexte où aucune politique publique ne les cible spécifiquement, il est crucial de se poser la question de savoir comment les bouviers acquièrent leurs connaissances pratiques, leurs savoirs et compétences dans le domaine de l’élevage des vaches, ainsi que de comprendre leurs besoins en matière de renforcement des capacités.

Cette étude révèle qu’au sein des 2502 bouviers de la province du Nord-Kivu, seules 2 % sont des femmes, soit 51 d’entre elles. Parmi les bouviers, 0,5 % (soit 12) ont un niveau d’études supérieures, 7,2 % n’ont pas terminé leurs études secondaires, et 10,2 % ont un diplôme d’études secondaires. La majorité des bouviers présente un faible niveau d’instruction, avec 22,1 % n’ayant pas achevé leurs études primaires, 29,2 % possédant un certificat d’études primaires, et 30,6 % ne bénéficiant d’aucune instruction scolaire.

La grande majorité des bouviers ne bénéficie d’aucune formation spécialisée dans ce métier. Ils apprennent les pratiques pastorales principalement par l’observation des gestes et techniques des particuliers, de leurs collègues bouviers et éleveurs pendant le gardiennage, comme le rapportent 55,9 % des bouviers enquêtés. Par ailleurs, 13,1 % des bouviers mentionnent avoir reçu des conseils d’autres bouviers, 8,2 % déclarent ne pas avoir suivi de formation, et 21,9 % affirment avoir été influencés par un membre de leur famille, également bouvier, qui les a initiés à ce métier. Seuls 23 bouviers sur 2502, soit 0,9 %, indiquent avoir déjà participé à une formation de mise à niveau. Cependant, ce sont ces mêmes bouviers qui assurent des tâches essentielles telles que le gardiennage des vaches, la traite du lait, l’alimentation des animaux, l’assistance en cas de dystocie, le gardiennage des veaux, l’administration des premiers soins aux animaux et leur abreuvement.

Cette étude conclut que l’avenir du pastoralisme dépend de l’intérêt que les éleveurs ou propriétaires de troupeaux portent au métier des bouviers. Garantir sa viabilité et sa durabilité, y compris pour les différents programmes d’appui au secteur de l’élevage, demeure essentiel. Dans un contexte où la main-d’œuvre familiale gratuite diminue progressivement, il est impératif de réfléchir à la viabilité et à la valorisation du métier de gardiennage. La santé du troupeau étant directement liée à la qualité du gardiennage, il est crucial de s’interroger sur la manière dont ces acteurs acquièrent leurs connaissances et compétences. En raison de leur longue expérience et de la transmission intergénérationnelle de savoir-faire entre bouviers, il est primordial de capitaliser sur les connaissances des plus expérimentés. Ainsi, pour améliorer le système d’élevage et la productivité des animaux, le bouvier devrait être inclus dans divers programmes de renforcement des compétences destinés aux éleveurs et autres acteurs du secteur.

Lisez l’article complet ici : https://www.crigpug-ucg.org/index.php/pirig/article/view/255/340

Photo d’illustration : Des vaches dans la cour de l’abattoir public de Butembo. 

Crédit photo : Hervé Mukulu

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