PNVi : 3 propositions de Josias Luhemba pour apaiser le conflit entre l’ICCN et les communautés riveraines (Mémoire de FES en sociologie)

Le mémoire de fin d’études supérieures intitulé « Cristallisation des conflits entre l’ICCN et les communautés locales au secteur nord du Parc National des Virunga » a été défendu le mardi 20 mai 2025 par l’auditeur Josias Kambale Luhemba, en sociologie à l’Université de Kisangani (Tshopo, RDC). Dans ce travail, l’auteur propose trois pistes principales pour résoudre durablement un conflit qui perdure depuis plus de vingt ans.

Cette étude se concentre sur le secteur nord du Parc National des Virunga, administré depuis Mutsora. Depuis les années 2000, la population y a construit un quartier appelé « Congo ya Sika », que l’ICCN considère comme faisant partie intégrante du parc. L’ICCN revendique cette zone comme propriété du parc, affirmant que la population l’a envahie illégalement. En revanche, les chefs terriens soutiennent que cette zone appartient à la chefferie et que la population a le droit d’y résider.

Ce désaccord a engendré des tensions persistantes depuis les années 2000, se traduisant par des arrestations, des soulèvements populaires, des recours judiciaires et, malheureusement, des pertes en vies humaines.

Dans son mémoire de DEA en sociologie soutenu à l’Université de Kisangani le 20 mai 2025, l’auditeur Josias Kambale Luhemba s’est penché sur un sujet sensible : la cristallisation des conflits entre l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN) et les communautés riveraines du secteur nord du Parc National des Virunga (PNVi).

Une problématique ancrée dans la complexité territoriale

Le travail cherche à répondre à une question centrale : pourquoi les conflits entre l’ICCN et les communautés locales persistent-ils et se cristallisent-ils davantage au lieu de tendre vers des résolutions pacifiques ? L’auteur avance comme hypothèse que ces tensions trouvent leur origine dans des interprétations divergentes des textes délimitant les frontières du parc, l’explosion démographique et la manière dont le parc a été historiquement acquis.

Vers une gestion inclusive du parc

Dans la dernière partie de son étude, Josias Luhemba propose plusieurs pistes de solution, parmi lesquelles :

– La promotion de la gestion participative impliquant les jeunes riverains dans des activités de conservation, avec des opportunités de formation et d’emploi dans le domaine.

 « Il est essentiel de promouvoir une gestion communautaire en associant activement la jeunesse, notamment les jeunes riverains du Parc national des Virunga. Ceux-ci devraient pouvoir y trouver des opportunités d’emploi, bénéficier de bourses d’études dans le domaine de la conservation, et être encouragés à occuper des postes de décision afin de devenir de véritables acteurs de la protection de l’environnement», souligne le chercheur Josias Luhemba.

– L’organisation du tourisme et de l’écotourisme pour rapprocher les populations locales des richesses naturelles du parc ;

« Il est recommandé d’organiser des clubs de jeunes dédiés à la conservation de la nature, afin d’offrir aux riverains un cadre de réflexion sur l’importance de notre écosystème. Il faut également promouvoir le tourisme, en particulier l’écotourisme, pour permettre à la population de se familiariser avec la faune locale et ainsi renforcer leur attachement à la protection des espèces visibles », ajoute-t-il.

– Le plaidoyer pour la redéfinition claire des limites du parc, notamment par la reconnaissance officielle de la clôture électrique comme frontière définitive par une ordonnance présidentielle.

« Enfin, nous avons suggéré que l’ICCN intensifie son plaidoyer auprès du gouvernement, car en République Démocratique du Congo, seul le Président de la République a le pouvoir de modifier les limites d’une aire protégée. Si une décision présidentielle venait à reconnaître officiellement la clôture électrique actuelle comme frontière définitive du parc, cela pourrait offrir une solution durable aux conflits persistants. »

Ce mémoire, salué par une distinction du jury, a déjà donné lieu à la publication de trois articles scientifiques disponibles dans les revues de l’Université de Goma.

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Hervé Mukulu

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