Le flou persistant lors de l’explosion de certaines épidémies comme la fièvre charbonneuse, la variole de singe, Ebola et autres montrent qu’en RDC, nous avons un système de santé en difficulté qui se doit d’être renforcé. Et le meilleur moyen reste de mettre en place une approche d’une seule santé pour être efficace une fois pour toutes. C’est l’avis du chercheur, expert en santé mondiale Olivier Kavulikirwa dans un contexte où le Grand Nord de la province du Nord-Kivu est confronté à une maladie qui cause les décès des bêtes et ceux qui les manipulent entre autres les bouchers.
L’approche « Une seule santé » intègre à la fois la santé humaine, animale et environnementale, qui s’avère importante et pertinente dans ces situations que traverse la RDC. Car les différentes fonctions qui doivent agir travaillent de manière interdisciplinaire, cite l’enseignant à l’université catholique du Graben.
« La surveillance et la détection précises des cas. La coordination de la réponse. La sensibilisation et l’éducation sanitaire au niveau communautaire. L’intervention médicale au niveau humain comme animal. Et même la gestion environnementale. Au niveau de ces piliers, si les actions sont mises en place de manière intersectorielle, ça va augmenter la chance de réussir. », pense Olivier Kavulikirwa, chercheur primé par l’Initiative Jeunesse des Nations Unies en partenariat avec le fonds des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, FAO.
Présentement, il faut renforcer la surveillance épidémiologique pour augmenter la chance de survie des malades et éviter une grande propagation. Pour le cas spécifique de la fièvre charbonneuse, il faudra vite commencer la vaccination, car le vaccin existe. Et cette vaccination animale a une incidence sur la santé humaine, ajoute-t-il pour montrer l’importance de l’approche d’une seule santé.
« Au niveau de l’intervention médicale et vétérinaire, on doit mettre en place des stratégies intégrées pour le traitement des patients. Par exemple, au niveau de la prise en charge, au niveau vétérinaire, il est très important de mettre en place déjà une vaccination, même dans les régions où on n’a pas encore signalé de cas parce que le vaccin existe. Souvent, quand on met en place une vaccination, il y a directement des implications sur la santé humaine. Lorsqu’on contient les cas animaux, les cas humains diminuent directement. Et c’est parmi les preuves de l’efficacité de l’approche une seule santé quand on met en place une mesure dans un secteur et l’on voit des implications dans un autre secteur. », soutient le doctorant à l’université de Montréal au Canada et co-lauréat du prix spécial mondial une seule santé dit Global One Health special prize.
Avec ces flous autour des épidémies, l’expert en santé mondiale Olivier Kavulikirwa conseille à la population de ne plus manger des animaux qui ne sont pas passés entre les mains d’un vétérinaire, des animaux malades ou boucanés dans les conditions que l’on ne maîtrise pas. C’est une manière efficace de se protéger soi-même de tout ce qui peut advenir, soutient-il.
Hervé Mukulu
A lire: En RDC, une épidémie silencieuse de fièvre charbonneuse aurait éclaté