En RDC, des photos d’une maladie inconnue circulent sur les réseaux sociaux depuis quelques jours. Il s’agit des personnes qui présentent une maladie cutanée principalement sur les bras ou les pieds qui se manifestent comme de la teigne, mycose ou des écailles. « Il s’agirait de l’anthrax cutané », explique un docteur vétérinaire qui a requis l’anonymat.
En décembre 2023, l’Organisation Mondiale de la Santé a alerté sur le fait que 5 pays de l’Afrique australe connaissent une épidémie de la fièvre charbonneuse avec plus de 1100 cas suspects et une vingtaine des décès signalés depuis le début de l’année 2023.
Il s’agit du Kenya, Malawi, Ouganda, Zambie et le Zimbabwe. Certains de ces pays, comme la Zambie, vivent cette épidémie depuis plus de 10 ans.
Sachez-le, « charbon (anthrax) est une maladie souvent mortelle chez les animaux, et transmis à l’homme par contact avec des animaux infectés ou leurs produits. Chez l’homme, l’infection est habituellement contractée via la peau. Les infections pulmonaires sont moins fréquentes ; les infections méningées et gastro-intestinales sont rares », note le manuel MSD
Les personnes présentes dans les photos qui circulent sur les réseaux sociaux sont présentées comme des bouchers et fermiers de la commune rurale de Kasindi, à la frontière entre la RDC et l’Ouganda qui sert de transit pour tout ce qui est importé.
Du moment que la région du Kivu n’est pas autosuffisante en viande bovine, une grande partie de la viande consommée dans le Kivu est importée de ces pays où la fièvre est déjà signalée. Il est évident que cela soit de l’anthrax cutané », explique notre source, docteur vétérinaire, chercheur en épidémiologie.
L’anthrax est une maladie bactérienne qui affecte généralement les herbivores domestiques et sauvages. Les êtres humains contractent la maladie par contact avec des carcasses d’animaux infectés ou par exposition à des produits animaux contaminés, explique l’Organisation mondiale de la santé.
Cette maladie est provoquée par le Bacillus anthracis, un bacille gram-positif qui est un microorganisme anaérobie facultatif encapsulé et qui produit des toxines.
« Il peut se maintenir en latence dans le sol, même pendant une période de cent ans. Puis quand il revient à la surface, il est inhalé par une bête. Et dans la région, nous le constatons qu’après la mort de l’animal. Dans les cas présents, on peut supposer que ceux qui le contracte le font après une blessure causée par une carcasse de l’animal. Car si c’était après la consommation d’une viande, le cas suspect serait nombreux. », explique le docteur vétérinaire.
Durant le dernier mois de 2023, une maladie comme celle-ci a été signalée chez certains bouchers et leurs dépendants ou aides-bouchers appelés « tshaheurs » de l’abattoir public de Butembo.
Contacté, Docteur Kawa, inspecteur urbain de l’agriculture pêche et élevage de la ville de Butembo s’était réservé de parler à presse et a promis revenir vers la presse après les résultats menés au laboratoire et par les services vétérinaires et par la Division Provinciale de la Santé, antenne de Butembo.
Dans ce cas, l’OMS, à travers Dre Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique suggère :
« Pour mettre fin à ces épidémies, nous devons briser le cycle de l’infection en commençant par la prévention de la maladie chez les animaux. Nous soutenons les efforts de lutte des pays contre les épidémies en apportant notre expertise et en renforçant la collaboration avec les agences partenaires dans le cadre d’une approche commune visant à préserver la santé humaine et animale ».*
Il faut donc organiser rapidement la riposte et surtout équiper tous ceux qui oeuvrent par une combinaison adéquate et moderner nos abbatoir et la gestion des déchets, suggère notre source. Car la biodecurité dans les abbatoirs doit être augmenté.
A lire: 10 étapes, 30 photos : l’abattage d’une vache.
Ce qui remet en question l’état des abattoirs et des traitements des bêtes dans le Kivu.
C’est pourquoi, certaines organisations plaident pour que la santé soit traitée dans sa globalité dans l’optique une « seule santé » (One Health) car l’homme, l’animal et la terre sont interdépendants.
De plus en plus, avec les épidémies nous le recentrons. Pourtant, dès les premières alertes, des mesures devraient être prises à la frontière se désole le chercheur en épidémiologie.
Hervé Mukulu
A lire aussi: À Beni, on conse