Beni : L’Ingénieur Kambale Makasi Shukrani valorise les déchets plastiques pour le bien-être de l’environnement

En 2022, alors étudiant en deuxième année d’ingénierie en production végétale à l’Université Officielle de Semuliki à Beni, dans la province du Nord-Kivu (Est de la République Démocratique du Congo), le jeune Kambale Makasi Shukrani eut l’idée de créer une unité de gestion des déchets plastiques. Cette initiative est née lors d’un cours de mécanique des fluides, où il réussit à élaborer une formule innovante lors des travaux pratiques, jetant ainsi les bases de son projet.

 « Ainsi, j’ai commencé le projet en recyclant les déchets non biodégradables que je récupérais dans les poubelles publiques. Parfois, lorsque je n’en trouvais pas suffisamment, j’achetais ce dont j’avais besoin. C’est ainsi que nous avons commencé à produire ces pavés écologiques, qui se sont avérés de très bonne qualité.

Ces pavés écologiques sont extrêmement durables et très appréciés. À Beni, la demande est forte, car je suis encore le seul à proposer ce produit. Cela rend difficile la satisfaction de mes clients, car la capacité de production quotidienne reste limitée, d’autant plus que la fabrication est encore artisanale », explique Kambale Makasi Shukrani.

Actuellement, Kambale Makasi Shukrani recherche des fonds pour améliorer son usine artisanale et augmenter sa capacité de production.

Les pavés écologiques qu’il produit sont très prisés, notamment pour recouvrir les parcelles, afin d’éviter la boue et la poussière. Ils sont également utilisés pour aménager les trottoirs des artères principales des centres urbains et les routes secondaires des quartiers résidentiels.

Ce projet est conçu dans une démarche à la fois économique et environnementale, visant à répondre aux besoins de la société tout en contribuant à la préservation de l’environnement.

Ce projet de transformation des déchets plastiques en pavés est appelé « Hewa Bora » (Air Sain), en référence aux objectifs environnementaux du projet. En effet, la collecte de ces déchets plastiques permet de contribuer à l’assainissement de l’environnement.

 « Nous avons constaté que la protection de l’environnement et la lutte contre le réchauffement climatique sont des enjeux majeurs. Les déchets non biodégradables, notamment les plastiques, contribuent largement à la pollution de l’air et de l’environnement », explique Kambale.

Une fois son unité de production améliorée, l’Ingénieur Kambale Makasi Shukrani envisage déjà de récupérer tous les déchets plastiques de la ville de Beni et des zones alentours qu’il prévoit de couvrir. Dans cette optique, il développe une application de géolocalisation des poubelles publiques, voire privées, contenant des déchets plastiques non biodégradables.

 « Avec cette application, il sera possible de localiser facilement les poubelles, et notre équipe pourra venir directement les récupérer. Nous espérons devenir de bons partenaires pour le gouvernement dans ce travail d’assainissement, mais aussi pour les organisations privées comme les écoles, les entreprises, les ONG, etc. C’est dans cette perspective que j’ai conçu ce projet », ajoute-t-il.

En effet, la grande majorité des déchets plastiques jetés dans les rues des agglomérations congolaises proviennent de produits importés, principalement des emballages. Ces derniers concernent des produits que la RDC importe pour compenser l’insuffisance de la production nationale afin de satisfaire la demande intérieure. Il s’agit notamment des bouteilles d’eau minérale, des sucreries, des médicaments et autres produits alimentaires, ainsi que des sacs, bidons, etc. Une fois utilisés, ces déchets sont souvent jetés dans les caniveaux, sans aucune politique de collecte ou de récupération.

Or, le plastique met entre 10 et 1000 ans pour se dégrader dans le sol. Par conséquent, son accumulation dans les caniveaux et les flaques d’eau crée des environnements propices à la prolifération de germes pathogènes, affectant ainsi la faune et la flore.

Cela souligne l’importance d’une gestion efficace des déchets plastiques, qui contribue à la réalisation de l’objectif “One Health” (Une seule santé), qui relie la santé humaine, animale et environnementale.

Hervé Mukulu

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