Le Couloir Vert Kivu-Kinshasa est une aire protégée à vocation de réserve communautaire, créée par le décret n°25/01 du 15 janvier 2025, signé par la Première ministre Judith Suminwa. Cette initiative fait suite à la décision du Conseil des ministres du 1er novembre 2024, visant à promouvoir une économie verte entre l’Est et l’Ouest de la RDC, tout en préservant plus de 100 000 km² de forêts primaires, affirmant ainsi le rôle de la RDC comme « pays solution » face aux défis climatiques.
Cette zone s’étend de Beni à Kinshasa, englobant la Route Nationale n°4 (Beni-Kisangani) et le bassin du fleuve Congo jusqu’à Kinshasa. Elle vise à favoriser la conservation de la nature et le développement d’une économie verte, conformément à l’article 1er, alinéa 15, de la Loi n°14/003 du 11 février 2014 sur la conservation de la nature.
Le Couloir Vert est conçu pour protéger les droits des communautés locales. Aucun droit préexistant ne sera modifié ou supprimé sans une enquête publique préalable. Tout nouveau projet de développement ou de conservation dans cette zone devra faire l’objet d’une étude d’impact environnemental et social, respecter le consentement libre, informé et préalable des communautés locales et des peuples autochtones pygmées.
Voici le document complet
Comment mieux gérer le Couloir Vert Kivu-Kinshasa : pistes concrètes
Pour assurer une gestion efficace et durable du Couloir Vert Kivu-Kinshasa, plusieurs axes d’intervention sont à considérer :
1. Cartographie participative et suivi écologique
Une délimitation claire du couloir, réalisée avec les communautés locales, permettra de prévenir les conflits d’usage et de clarifier les responsabilités. Un suivi écologique régulier (faune, flore, couverture forestière), soutenu par des outils modernes (drones, SIG, GPS), est essentiel. On protège mieux ce que l’on connaît. Un espace bien maîtrisé rassure également les touristes et encourage l’écotourisme durable.
2. Mise en place de comités de gestion communautaire
Ces comités, formés et responsabilisés, joueront un rôle clé dans la surveillance, la sensibilisation et les prises de décision locales. Ils deviennent les premiers ambassadeurs de la conservation, appuyés par des programmes d’éducation environnementale pour les jeunes et les leaders communautaires.
3. Reboisement réfléchi avec des espèces locales
Restaurer les zones dégradées renforce la connectivité écologique. Toutefois, une étude préalable est nécessaire pour déterminer si l’intervention humaine est préférable à une régénération naturelle. L’objectif : conserver les espèces endémiques et restaurer les fonctions écologiques sans déséquilibrer l’écosystème.
4. Promotion d’alternatives durables aux pressions sur les ressources
Le développement d’activités telles que l’agroforesterie, l’apiculture, l’écotourisme ou l’agriculture sans déforestation est essentiel. Les besoins croissants des populations riveraines doivent être satisfaits sans compromettre l’intégrité écologique de la zone. Il s’agit d’apprendre à produire mieux, sur moins d’espace.
5. Sécurisation foncière des communautés locales
La reconnaissance légale des droits fonciers communautaires est une base indispensable. Elle renforce la stabilité, réduit les conflits et encourage l’investissement dans des projets de conservation à long terme.
6. Partenariats multi-acteurs et intégration aux politiques nationales
Une bonne gouvernance du couloir passe par la collaboration entre l’État, les ONG, les bailleurs, les scientifiques et les communautés. L’accès aux financements internationaux (fonds climat, REDD+, etc.) et l’ancrage du couloir dans les politiques nationales de conservation sont nécessaires pour garantir son avenir.
Hervé Mukulu