AVC en hausse au Nord-Kivu : les stupéfiants et aphrodisiaques désignés par le Dr Kasereka Kamabu

AVC au Nord-Kivu : alerte sur les aphrodisiaques, stupéfiants et hypertension artérielle chez les jeunes en RDC

Santé · AVC · Nord-Kivu
L’usage des produits aphrodisiaques et autres stupéfiants figurerait parmi les causes majeures des accidents vasculaires cérébraux (AVC) chez les adultes jeunes au Nord-Kivu, dans l’est de la République Démocratique du Congo.
Cette alerte de santé publique a été lancée par le docteur Larry Kasereka Kamabu, neurologue à la Clinique Internationale de Médecine Avancée du Kivu (CIMAK / Goma), le 29 octobre 2025, à l’occasion de la Journée mondiale de l’AVC. Le spécialiste appelle à une prise de conscience rapide face à la progression des AVC post-coïtaux et liés à l’hypertension artérielle non traitée.
Aphrodisiaques, drogues locales et AVC post-coïtaux : une menace en hausse dans l’est de la RDC

« L’usage abusif, il faut le dire, des produits pour essayer de booster la performance sexuelle… Nous recevons de plus en plus de malades victimes d’accidents vasculaires cérébraux (AVC) post-coïts. Cela nous pousse à conscientiser la population par rapport à ces fléaux d’AVC, où les hypertendus connus ne prennent plus leurs médicaments et finissent par présenter des complications graves. »

D’après le neurologue, les cas d’AVC augmentent à la fois au Nord-Kivu et au Sud-Kivu, notamment à Goma, Butembo et Bukavu. Les facteurs de risque les plus fréquents incluent l’hypertension artérielle non contrôlée, l’automédication, l’usage de stimulants sexuels non homologués et la consommation de stupéfiants artisanaux.


🧾 ENCADRÉ 1 : Les chiffres clés de l’AVC en Afrique subsaharienne et en RDC

L’Accident vasculaire cérébral (AVC) est aujourd’hui l’une des premières causes de décès et de handicap précoce chez l’adulte africain. En Afrique centrale et dans l’est de la RDC, les victimes ne sont pas uniquement des personnes âgées : de plus en plus de patients ont moins de 60 ans et sont encore actifs professionnellement.

Indicateur Afrique subsaharienne RDC
Incidence annuelle AVC Environ 106 à 316 cas pour 100 000 habitants (OMS / Frontiers in Stroke 2024) Estimée à ~110 cas pour 100 000 habitants
Mortalité liée à l’AVC 20 à 35 % des cas entraînent un décès à 30 jours (Lancet 2022) 36 596 décès dus à l’AVC en 2020 (World Life Expectancy)
Part dans les décès totaux Moyenne africaine : 6 – 8 % 5,6 % des décès en RDC sont liés à un AVC
Âge moyen des victimes 45 – 65 ans (≈10 ans plus jeune qu’en Europe) 40 – 60 ans ; souvent en pleine activité professionnelle
Facteurs dominants Hypertension (≈70 %), obésité, tabac, alcool, stimulants Hypertension non traitée, stress chronique, usage d’aphrodisiaques ou de drogues locales

📊 Selon l’OMS, l’Afrique subsaharienne pourrait enregistrer 1,5 million de nouveaux cas d’AVC par an d’ici 2030 si la tendance actuelle se maintient.

Le docteur Larry Kasereka Kamabu insiste : les jeunes adultes doivent éviter les “boosters sexuels” vendus sans contrôle sanitaire. Il recommande aussi le dépistage régulier de l’hypertension artérielle, qui reste la première cause d’AVC dans la région du Kivu.

« Reconnaître les signes d’alerte, c’est un défi ! Nous devons vulgariser ces connaissances afin que la population sache réagir à temps. Lorsque nous recevons les malades dans la “Golden Hour” — les 6 premières heures après le début des symptômes — ils s’en sortent souvent sans séquelles. Mais beaucoup arrivent trop tard, après avoir transité d’un hôpital à un autre… »


💊 ENCADRÉ 2 : Aphrodisiaques, stimulants sexuels et AVC post-coïtal

Les produits dits aphrodisiaques — boissons énergisantes fortes, poudres artisanales, mélanges “boost performance”, pilules importées sans notice — sont de plus en plus accessibles sur les marchés de Goma, Bukavu et Butembo. Beaucoup sont consommés sans avis médical.

🔹 Tendances de consommation :

  • 28 % des jeunes hommes urbains africains ont déjà consommé un stimulant sexuel sans prescription (Journal of Sexual Medicine Africa 2023).
  • En RDC, des enquêtes locales (UCG / Green Afia 2024) indiquent qu’un homme sur trois à Goma et Butembo a essayé au moins un “produit de performance sexuelle”.
  • Ces préparations contiennent souvent du sildénafil, de la caféine concentrée, des amphétamines ou des plantes à effet hallucinogène — à des doses incontrôlées.

🔸 Conséquences médicales :

  • Hausse immédiate de la tension artérielle (hypertension sévère).
  • Risque d’arythmie, d’infarctus ou d’AVC post-coïtaux.
  • Interactions dangereuses avec l’alcool ou d’autres drogues dites “énergétiques”.
  • Fatigue chronique, anxiété, possible baisse de fertilité à long terme.
🧩 Le Dr Kasereka Kamabu confirme que ces produits ne concernent plus uniquement les hommes. Des “stimulants sensoriels féminins”, vendus sans autorisation pharmaceutique, circulent aussi dans l’est de la RDC.

🚨 ENCADRÉ 3 : Reconnaître un AVC et agir vite (guide pratique)
Signes d’alerte d’un AVC
  • Faiblesse ou paralysie d’un côté du corps
  • Engourdissement soudain du visage, du bras ou de la jambe
  • Difficulté brutale à parler ou à comprendre
  • Perte de vision d’un œil ou vision trouble
  • Perte d’équilibre, vertiges intenses, mal de tête brutal
⏱️ En cas de suspicion d’AVC, aller immédiatement à l’hôpital. Les 6 premières heures sont cruciales pour limiter les séquelles neurologiques.
Prévention de l’AVC (Nord-Kivu / RDC)
  • Contrôler régulièrement sa tension artérielle.
  • Éviter tabac, alcool et aphrodisiaques non prescrits.
  • Pratiquer une activité physique régulière.
  • Avoir une alimentation équilibrée, pauvre en sel.
  • Suivre correctement un traitement antihypertenseur si prescrit.
🩺 Un AVC pris en charge dans les 3 à 6 heures a ≈70 % de chances d’évolution favorable. Après 12 heures, les séquelles deviennent souvent irréversibles.
❓ Comment reconnaître un AVC rapidement ?
Si le visage tombe d’un côté, si la parole devient incompréhensible ou si un bras ne peut plus être levé, il peut s’agir d’un AVC. C’est une urgence médicale absolue.
❓ Que faire en cas de signes d’AVC à Butembo, Goma ou Bukavu ?
Ne pas attendre que “ça passe”. Amener immédiatement le malade à l’hôpital le plus proche sans multiplier les détours. Chaque minute compte pour sauver le cerveau.

🧩 Perspectives et recommandations santé publique

Le lien entre aphrodisiaques, stupéfiants artisanaux et AVC post-coïtaux chez les jeunes adultes du Kivu illustre une urgence sanitaire locale. Au-delà de la consommation de stimulants, c’est surtout l’hypertension artérielle non traitée qui reste le facteur numéro 1 d’accident vasculaire cérébral en RDC.

Dans un contexte où les services de neurologie et les unités spécialisées AVC sont rares dans l’est du pays, les autorités sanitaires, les hôpitaux de référence et les médias communautaires devraient :

  • Renforcer la sensibilisation sur les signes d’alerte d’un AVC dans les villes du Nord-Kivu ;
  • Contrôler la vente libre de stimulants sexuels non homologués ;
  • Promouvoir le dépistage et le suivi régulier des hypertendus ;
  • Développer de vraies unités AVC capables d’agir dans la “Golden Hour” ;
  • Utiliser les réseaux sociaux pour informer les jeunes sur les risques réels des “boosters sexuels”.
🖊️ Texte : Glodi Mirembe
🩺 Contribution scientifique : Dr Larry Kasereka Kamabu, neurologue (CIMAK / Goma, Nord-Kivu)
📍 Sources : OMS 2024 · Frontiers in Stroke 2024 · World Life Expectancy · The Lancet 2022 · Journal of Sexual Medicine Africa 2023 · UCG / Green Afia 2024

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