Ce jeudi 31 octobre 2025, la ville de Butembo, au Nord-Kivu, s’est jointe au reste du monde pour célébrer la Journée internationale de l’épargne. Mais contrairement aux années précédentes — marquées par des caravanes, des conférences et des séances d’éducation financière — l’édition de cette année s’est tenue dans un climat de méditation, en raison du contexte sécuritaire tendu qui pèse sur la région.
« L’épargne est un bouclier : elle protège nos ménages face aux chocs, nous aide à anticiper et à rebondir rapidement après les crises. »
Au-delà du simple réflexe économique, cette phrase ouvre une réflexion essentielle : et si l’épargne devenait aussi un outil de protection de l’environnement, de prévention en santé et d’amélioration de l’hygiène domestique ?
Épargner pour mieux vivre : le lien entre finances et environnement
Dans les zones fragiles comme le Nord-Kivu, épargner revient souvent à préserver la vie. Mais les impacts de cette pratique dépassent la seule dimension économique : une épargne bien orientée peut réduire la pression sur la nature et favoriser des modes de vie plus sains.
- acheter un foyer amélioré qui consomme moins de bois ;
- installer une lampe solaire plutôt qu’une lampe à pétrole (essence) ;
- se doter d’un système de filtration d’eau domestique ;
- participer à des actions communautaires de reboisement ou de compostage.
Sources indicatives : PNUD 2024 ; Ministère de l’Environnement, RDC 2023.
Épargne et prévention en santé : une barrière invisible contre la précarité
L’épargne n’est pas seulement un filet de sécurité économique, c’est aussi un rempart sanitaire. Disposer de quelques économies signifie :
- pouvoir accéder rapidement à des soins ;
- acheter des médicaments ou du matériel de prévention ;
- investir dans des infrastructures sanitaires de base : latrines, douches, filtres à eau, moustiquaires.
1 personne sur 4 n’a toujours pas accès à une eau potable sûre ; 2,2 milliards sans assainissement géré en toute sécurité.
En RDC, la situation reste préoccupante : ~52 % des ménages ont accès à une source d’eau améliorée et ~28 % disposent de latrines hygiéniques conformes (MICS RDC 2023, UNICEF).
Étude : Frontiers in Public Health, 2023.
L’hygiène domestique : un investissement rentable
Dans le quotidien d’un ménage congolais, maintenir un cadre propre exige des ressources : savon, balais, poubelles, eau, gants, produits d’entretien… Autant d’éléments souvent négligés quand le budget est serré.
Pourtant, chaque 1 000 CDF épargné par semaine peut, en fin d’année, financer des achats concrets :
- des produits de nettoyage pour ~6 mois ;
- une petite poubelle de tri pour la maison ;
- ou une latrine améliorée communautaire (co-financement).
Une synthèse (ScienceDirect, 2021) associe un état d’hygiène dégradé à une morbidité >21 % dans les ménages pauvres d’Afrique subsaharienne.
Des coopératives d’épargne à l’économie verte
« Nous devons faire de l’épargne une pratique durable, quotidienne et inclusive, qui renforce la sécurité économique et la dignité de chaque famille. »
Les COOPECs et IMF de Butembo peuvent amplifier l’impact via des produits d’épargne à effet environnemental et sanitaire :
- Comptes épargne hygiène (kits sanitaires) ;
- Épargne verte (foyers améliorés, panneaux solaires, latrines écologiques) ;
- Fonds communautaires d’assainissement (collecte des déchets, reboisement).
Expériences Rwanda/Kenya : un taux d’épargne communautaire > 15 % permet de mobiliser des ressources locales pour des infrastructures écologiques de proximité (AfDB, 2024).
Épargner pour prévenir les crises
Dans un contexte de guerre et d’incertitude comme au Nord-Kivu, l’épargne devient une forme de résistance civile. Elle aide les familles déplacées à garder un minimum de dignité, à reconstruire après les pertes et à soutenir des actions locales.
Lecture : la présence d’une épargne (même modeste) réduit d’environ un facteur 2 la probabilité de retomber dans la pauvreté après un choc.
Vers une épargne verte et solidaire
Butembo et le Nord-Kivu disposent d’un réseau dense de microstructures financières : COOPECs, mutuelles de solidarité, tontines de femmes et d’étudiants. Ces canaux peuvent devenir les incubateurs d’une culture d’épargne verte & sanitaire :
- programmes de formation à la gestion de l’épargne environnementale ;
- incitations pour les ménages investissant dans la propreté, l’eau ou la santé ;
- partenariats banques-ONG-autorités pour financer la résilience urbaine.
Objectif : faire de chaque franc épargné un acte de prévention, de protection et de transformation.
Conclusion : « Épargner aujourd’hui, c’est sécuriser demain »
À Butembo, épargner ne se limite plus à sécuriser un compte : c’est sécuriser la santé, l’hygiène et l’environnement de toute une communauté. Chaque pièce déposée dans une caisse d’épargne peut se traduire par :
- un enfant en meilleure santé ;
- une maison plus propre ;
- un arbre planté ;
- une eau plus sûre à boire.
Un geste simple, quotidien, mais porteur d’un changement durable.
- OMS & UNICEF (2025) – JMP Progress on Household Drinking Water, Sanitation and Hygiene 2015–2024.
- MICS RDC (2023) – Enquête multiple à indicateurs (UNICEF).
- World Bank (2024) – Household Savings and Shock Resilience in Sub-Saharan Africa.
- PNUD (2024) – Household Energy Transition & Forest Pressure in Central Africa.
- African Development Bank (2024) – Community Savings for Green Infrastructure in East Africa.
- Frontiers in Public Health (2023) – WASH & under-five mortality in Sub-Saharan Africa.
- ScienceDirect (2021) – Household hygiene and morbidity in low-income settings.

