Le pétrole et le gaz congolais à la traine

En juillet 2022, le gouvernement congolais lança les appels d’offre pour 30 blocs pétroliers.  Ce vendredi 11 octobre 2024, le ministère des hydrocarbures annule ce processus et compte le relancer après. Comprendre cet enjeu pétrolier de la RDC.  

Rédigé par Hervé Mukuku

Le pétrole et le gaz

En géologie pétrolière, un système pétrolier dit communément bloc pétrolier  est une zone présentant des conditions  géologiques d’existence de gisement de pétrole (et de gaz naturel).

Le pétrole étant  définit comme une énergie fossile, utilisé notamment dans les transports et la pétrochimie. Découvert au  milieu du XIXe siècle en Pennsylvanie, il se présente sous la forme d’une huile minérale provenant de la décomposition sédimentaire des composés organiques  contenant du carbone. Une fois extrait des gisements  souterrains, le pétrole brut est transporté par des oléoducs, avant d’être raffiné, c’est-à-dire transformé. Le pétrole est la principale source d’énergie utilisée par l’homme.  

A ses côtés, le Gaz Naturel est une énergie fossile qui se transforme à partir de la décomposition de matières organiques au fond des océans.  Le constituant principal des gisements de gaz naturel est le méthane. Le méthane est un hydrocarbure composé d’un atome de carbone et de quatre atomes d’hydrogène.  

Il est apprécié par rapport au pétrole suite à son bon rendement énergétique et ses avantages environnementaux : sa combustion n’émet pas de poussières, peu de dioxyde de souffre (SO₂), peu d’oxyde d’azote (NO₂) et moins de dioxyde de carbone (C0₂) que d’autres énergies fossiles. Il peut être liquéfié pour réduire son volume. Il est incolore et inodore puisque principalement composé du méthane.

Les blocs pétroliers et gaziers  de la RDC

En juillet 2022, le gouvernement congolais, à travers le ministère des hydrocarbures, Didier Budimbu, a lancé les appels d’offre pour 30 blocs pétroliers dont trois gaziers.

Voici les blocs pétroliers et gaziers concernés par la première phase ces appels d’offres : 

A. 27 blocs Pétroliers

I. Pour le Bassin côtier (3 Blocs)

1. Bloc Yema II : Est situé dans le Territoire de Muanda, district de Bas-fleuve, province du Kongo-Central ;

2. Bloc Nganzi : S’étend dans les territoires de Lukula et de Tshela, district de Bas-fleuve, province du Kongo Central, à l’ouest de la RDC ;

3. Bloc Matamba-Makanzi II : est situé dans le Territoire de Muanda, district de Bas fleuve, province du Kongo Central.

Pour la Cuvette centrale (9 Blocs)

1. Bloc 4: s’étend sur les territoires de Bolomba et Basankusu la Province de l’Equateur et sur les territoires de Boende et Befale dans la Province de la Tshuapa.

2. Bloc 4B : s’étend dans les territoires de Befale, Boende, Djolu dans la Province de la Tshuapa ; Bongandanga, Bokungu, Ikela dans la Province de la Mongala; Yahuma dans la Province de la Tshopo.

3. Bloc 6 : s’étend sur les territoires de Banalia, Bafwasende, Isangi, Ubundu, Opala dans la Province de la Tshopo.

4. Bloc 18: s’étend dans les territoires de Kole, Lodja, Lusambo, Lomela (Province de Sankuru); Mweka, Dekese (Province du Kasaï) Demba et Dimbelenge (Province du Kasaï-Central).

5. Bloc 21: s’étend dans les territoires de Kasongo, Kibombo, Kabambare (Province du Maniema), Katako-Kombe et Lubefu (Province du Sankuru).

6. Bloc 22: situé dans les territoires de Lukolela (Province de l’Equateur), Yumbi, Bolobo et Mushie (Province de Mai-Ndombe).

7. Bloc 25: situé dans la ville Province de Kinshasa et à la banlieue de la ville de Kinshasa.

8. Bloc Moero: s’étend sur les territoires de Kasenga, Pweto (Province de Haut Katanga), Moba et Manono (Province de Tanganyika). 

9. Bloc Upemba: situé à cheval entre les Provinces de Haut-Lomami, Haut-Katanga, Lualaba et Tanganyika.

Pour le Graben Tanganyika (11 Blocs)

1. Bloc Kibanga Kisoshi: est situé dans le territoire de Fizi dans la Province 

2. Bloc Kalemie: est situé dans le territoire de Kalemie, province de du Sud-Kivu ;

3. Bloc Kituku Moliro: est situé au sud du territoire de Moba, province de Tanganyika: Tanganyika :

4. Bloc Mulula Lubanga: est situé dans le territoire de Kalemie, Province de Tanganyika ;

5. Bloc Uvira: est situé entre les territoires d’Uvira et Fizi dans la Province du Sud Kivu;

6. Bloc Baraka: est situé dans le territoire de Fizi dans la province du Sud-Kivu;

7. Bloc Kakelwa-Kabobo: est situé entre les territoires de Fizi et de Kalemie dans la Province du Tanganyika;

8. Bloc Kabimba: est situé dans le territoire de Kalemie dans la province du Tanganyika;

9. Bloc Kibi-Fatuma: est situé entre les territoires de Moba et de Kalemie dans la province du Tanganyika;

10. Bloc Mpala: est situé dans le territoire de Moba dans la province du Tanganyika;

11. Bloc Moba: est situé dans le territoire de Moba dans la province du Tanganyika.

IV. Pour le Graben Albertine (4 Blocs)

1. Bloc 1: est situé dans les territoires de Mahagi et de Djugu dans la province d’Ituri.

2. Bloc II: est situé dans les territoires d’Irumu et de Djugu dans la Province du Ituri.

3. Bloc IV: est situé dans les territoires de Beni, Oicha, Butembo et Lubero dans la Province du Nord-Kivu.

4. Bloc V: est situé dans les territoires de Lubero et Rutshuru dans la Province du Nord-Kivu.

B. Blocs Gaziers (3 Blocs)

3 Blocs Gaziers sont sur le lac Kivu:

1. Bloc Makelele

2. Bloc Idjwi 

3. Bloc Lwandjofu 

Les enjeux énergétiques

Le République Démocratique du Congo est un pays qui  accuse un déficit énergétique énorme. Avec plus de 100 millions d’habitants, moins de 10% de la population dispose d’un accès à l’électricité dont 35% dans les zones urbaines principalement  dans la capitale Kinshasa ( plus de 15 millions d’habitants)  et moins de 1% dans les zones rurales. Et même ceux qui  y ont accès accusent des coupures intempestives du courant occasionnant des pertes énormes.

Selon l’International Hydropower Associatuon (IHA), la production hydroélectrique de la RDC s’est élevée à 9TWh en 2021, soit 0,55% de la production mondiale et 6,2% de la production africaine alors que le pays a un potentiel de 100 000 MW reparti sur 780 sites, soit 37M du potentiel de l’Afrique  et 6% du potentiel mondial.

Personne la place quasi-indispensable de l’énergie dans le développement industrielle d’une nation. La jeunesse de Butembo-Beni (Nord-Kivu) a une expérience encore fraiche de l’apport d’une énergie, fiable et défaillant à la fois, dans l’entrepreneuriat innovant des jeunes.

L’objectif de la mise sur les marchés de ces blocs pétroliers  est, en premier,  l’amélioration des recettes dans le budget de l’Etat, car à ce jour le pays n’a exploité que 4,5% de son potentiel en hydrocarbures. En second, combler le déficit énergétique qu’accuse la RDC tout en participant au mieux-être de la population.

Selon le rapport « Energie durable pour tous à l’horizon 20230 » du PNUD, l’objectif d’accès universel à l’électricité à l’horizon 2030 impliquerait que la consommation finale d’électricité de la RDC atteigne 150 000 Kwh en 20230, soit une multiplication par un facteur 23,8 par rapport à 2011.

Ce vendredi 11 octobre 2024 , le ministère des hydrocarbures annule le processus d’appels d’offres sur les 27 blocs pétroliers annonce le communiqué dudit ministère.

« Les rapports de validation respectifs de la commission révèlent une absence de candidatures, des offres non recevables, des cas de dépôts tardifs,  des offres inappropriées ou irrégulières, un défaut de concurrence… qui ont empêchés la poursuite de la procédure vers l’attribution des droits d’hydrocarbures. »,  est la cause indiquée dans le communiqué  signé par Aimé Sambombi Molendo qui promet relancer le processus.

Ces dernières années, la RDC  ne produit que 8 millions de barils par an alors qu’il a un potentiel de 20 milliards pour des réserves atteignant 27 million de tonnes, estimation de l’Agence fédérale Allemande pour les Sciences en  2020.  Et cette minime  production est à 100% destinée à l’exportation à l’état brut.

Le pétrole en usage en RDC est importé et est souvent à la base des beaucoup des problèmes sociaux. Car son prix a une incidence majeure sur le prix des denrées alimentaires sur le marché, du transport des humains, des couts des services.

Pour le Gaz, les trois blocs gaziers du lac Kivu représentent 66 Gm³ (milliards de m³) de gaz.

Sa présence dans le lac Kivu sonne comme une bombe à retardement et une manne dont on ne sait jouir.  Ce gaz est à la base des morts dans les coins environnant le lac. Quand le gaz s’échappe à travers les fissures, des personnes sont retrouvés asphyxiées dans les « Mazuku ».

Il est difficile de s’aventurier dans l’exploration des fonds marin du Lac Kivu, car à quelques dizaines des mètres de profondeurs, le gaz risquerait de vous asphyxier.

La présence d’un gaz aussi explosif, à quelques mettre du volcan le plus dangereux de la région fait doubler la crainte d’une explosion lors d’une éruption. Malgré tous ces dangers, l’exploitation industrielle de ce gaz traine du côté congolais alors que le Rwanda, lui, a déjà amorcé la production. Un gaz que la RDC importe encore pour la consommation en  ville de Goma. Pourtant, pour cette exploitation même les ONG sont d’accord pourvu que cela se fasse dans les normes.

Exploitation pétrolière et environnement en RDC

A l’annonce des projets d’exploitations pétrolières, les ONG n’hésitent pas à demander des comptes. Surtout quand les blocs pétroliers du Kivu ont été attribués avant d’être retirés suite à cette pression.

A la ligne de défense, Green Peace, une organisation œuvra pour la protection de l’environnement  qui récuse l’exploitation des blocs pétroliers dans la cuvette centrale qui est un complexe riche en biodiversité qui contient 30 gigatonnes de carbone, soit l’équivalent de 3 ans d’émissions mondiales de CO₂. Y toucher aurait des conséquences énormes sur  la biodiversité et la population riveraine. Surtout que  le géant parc africain, le parc National des Virunga paie le prix de l’instabilité de la région.

Hervé Mukulu

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