Des pluies diluviennes entraînant des inondations et coulées boueuses torrentielles ont causé la mort de plus de 400 personnes dans le Sud-Kivu et plus d’une centaine au Rwanda entre le 4 et le 5 mai 2023. En plus, le 9 mai, plus de 10 personnes sont mortes après une pluie diluvienne à Katholo en chefferie des Baswaha sur la côte ouest du Lac Edward.
En sa qualité d’expert en Gestion des risques naturels, le Professeur Sahani Walere explique le problème dans la région sous plusieurs aspects : changement climatique, activités sismiques, anthropisation, mais aussi la structure rocheuse même des montagnes de la chaîne des montagnes Mitumba entre les Lacs Tanganyika et Albert.
La première cause serait dite changement climatique vu le retour des précipitations actuelles le long de la chaîne Mitumba ; on peut y adjoindre l’effet des activités humaines, explique le Professeur Sahani Walere.
« Il s’observe quand même un retour des précipitations extrêmes qui s’accompagnent des inondations, des débordements des rivières, parce qu’à l’échelle des bassins versants, il y a des processus d’anthropisation qui ont fait que la déforestation atteigne un niveau assez élevé. Et donc l’imperméabilisation des sols fait qu’il y ait des ruissellements le long des versants. Et le seuil est atteint rapidement. Les eaux ruissellent à une très grande vitesse et atteignent les talwegs, les vallées des rivières, qui sont inondées. Les eaux quittent les lits et vont charrier des limons considérables et parfois qui s’accompagnent des coulées boueuses. »
Néanmoins, l’activité humaine seule ne peut être au centre de ces catastrophes. Il ajoute, l’activité sismique dans la région et la composition même des roches des montagnes de cette région.
« Tous ces phénomènes de tremblement des terres engendrent des fissures dans les montagnes. Souvent, les eaux qui déferlent des versants percolent à travers ces fissures. Quand ces eaux atteignent les aquuitards, les roches qui sont restées à leur état plus ou moins sain, vont commencer à ruisseler en profondeur le long de cette acquitard. Et souvent, il s’ensuit l’argile qui surplombe les basaltes en altération et qui va commencer à subir une érosion profonde à l’intérieur même de cette terre et va essayer de remplir l’espace vide laissé et il s’ensuit un glissement des terrains. »
Ce qui explique par exemple qu’à Kalehe, c’est une jonction de deux cours d’eaux en débordement en avant des villages qui ont inondé les villages. Au Rwanda, ce sont aussi, en plus des coulées boueuses provenant des montagnes qui inondent aussi les villages. Ce qui pose un sérieux problème d’aménagement. Car il faut un remodelage du paysage agraire, la planification des zones où l’on peut construire des maisons et là où il est interdit de construire. Une urgence vu l’évolution démographique dans la région, souligne l’expert senior en Gestion des risques naturels.
Pour ainsi dire que c’est une zone à terrain accidenté, exposé à des phénomènes d’érosion, inondations étant également pluvieuse, située à cheval sur l’Equateur ; sans oublier les phénomènes sismiques auxquels la région est exposée. Tous ces phénomènes, combinés à un aménagement peu rationnel du territoire, nous exposent à des risques de ce genre.
Hervé Mukulu