La faculté des Sciences agronomiques de l’Université Catholique du Graben a organisé le mardi 14 mai, la conférence portait sur « L’apport de la communauté universitaire face aux défis de la conservation de la nature au Nord-Kivu. Cas des 99 ans d’existence du PNVi. »
Un échange qui n’était censé prendre qu’une 1h30, de 14h à 15h30, elle ne se clos qu’autour de 18h, le soir demandant à chacun de rentrer chez lui malgré la volonté de l’auditoire d’écouter les responsables du PNVi. Si cela dépendait du public, il passerait la nuit à écouter le responsable de la communication de Virunga Alliance vue la grandeur des projets mis en services pour répondre aux différents défis que traverse le plus parc d’Afrique, en particulier la fourniture en énergie électrique.
Pour une entrée en matière, le chef du secteur Nord/station de Mutsora, du Parc National des Virunga, le conservateur Kasereka Kitakya Eric, a exposé sur les Théories générales sur la conservation de la nature. Dans son exposé, il a d’abord éclaircir les concepts sur la conservation des ressources naturelles et les aires protégées tout en mettant un accent sur les ressources naturelles renouvelables et celles non renouvelables.
Pour lui, la conservation des Ressources Naturelles a pour finalités :
« L’utilisation durable/rationnelle des RN pour le bénéfice des Humains, la protection des RN menacées de la destruction pour les rendre non menacées. La préservation des RN pour les générations futures, la restauration des RN pour les générations futures, Restauration et/ ou la réparation des dommages subit par les RN, gestion qui implique une autorisation de leur utilisation par les hommes tout en minimisant les impacts que cette utilisation pourrait engendrer. »
Dans les défis de la conservation dans cette ère de l’anthropocène, la RDC représente un atout majeur car elle représente 10% des forêts mondiales et plus 47% des forêts d’Afrique avec une couverture forestière de près de 128 millions d’hectares.
Ce pays a certaines réserves qui sont spécifiques au monde. Il n’y a qu’au Virunga où on peut retrouver autant de merveilles de la nature dans un seul parc. Le PNVi a trois taxons des singes, les neiges éternelles du Ruwenzori, le site archéologiques d’Ishango, la rivière Semuliki et Lac Édouard, des volcans actifs et éteints, des éléphants, grands antilopes, suidés, etc.
Ce géant de la biodiversité africaine et mondiale fait face à plusieurs défis, au point qu’à un moment il a été craint qu’il ne soit complètement déclassé. Aujourd’hui, présent sur la liste des patrimoines mondiaux en péril depuis 1979 et inscrit au site Ramsar ; depuis 2005, une organisation a acquis les droits de la gestion de ce parc pour son relèvement. Il s’agit de Virunga Fondation.
Méthode BAGURUBUMWE UHOZE qui en est le directeur des relations publiques rappelle que le Virunga, c’est 7.800 km2 en péril avec la biodiversité la plus riche du continent comprenant 218 espèces de mammifères dont 21 endémiques du Rift Albertin, 706 espèces d’oiseaux, 78 espèces d’amphibiens, 109 espèces de reptiles. Trois taxons de grands singes : chimpanzé de l’Est, gorille des plaines et gorilles de montagne.
Le contexte actuel est tel que 5 millions des personnes vivent en moins d’une journée de marche du parc National des Virunga. La croissance démographique dans cette région est de plus de 3% et plus de 72% de la population de la région vivent sous le seuil de la pauvreté avec 1.9 usd par jour. Et cela malgré les énormes potentialités économiques de la région.
La région est aussi caractérisée par la multiplicité des groupes armées qui prennent le Virunga comme leur garde-manger, et un échange transfrontalier avec le Rwanda et l’Ouganda non contrôlé qui est la source d’un trafic illicite.
Le contrat qui lie le gouvernement congolais à Virunga fondation est de 25 ans destinés à la protection du parc et au développement des communautés riveraines.
Ce travail en cours fait face à plusieurs défis dont le besoin de survie des populations riveraines et d’enrichissement illégal de certains, du populisme et positionnement politique, de la pauvreté et de l’ignorance, l’insécurité et groupes armées, du développement d’une économie illégale autour du parc National des Virunga.
Seul le charbon de bois, par exemple, qui vient principalement du Virunga, et qui finance certains groupes armées, représente un business de 200 000 USD le mois. Des défis de la faiblesse de la justice, de la corruption et de la mauvaise gouvernance, de la mauvaise gestion des pêcheries.
Néanmoins Alliance Virunga axe son programme sur 4 piliers à savoir : le tourisme durable, entreprenariat, agriculture durable, électricité avec pour but la paix, la stabilité, le relèvement économique de la province et la conservation communautaire du PNVi.
Aujourd’hui, l’évolution des espèces du Virunga en témoigne. En 99 ans de conservation, aucune espèce du Virunga n’a disparu. Et certaines espèces sont en croissance comme les gorilles, les chimpanzés dont le suivi est fait même dans les zones insécurisées. Les hippopotames sont passés de 20 milles individus à quelques centaines durant les jours sombres; aujourd’hui, ils remontent à 1500. Les éléphants qui se réfugient au Rwanda et deviennent une ressource touristique pour ce pays dont la visite est payée à prix d’or.
En 2023, 125 prévenus arrêtés pour raisons de culture illégale dans le parc, pêche illicite, carbonisation, coupe de bois, braconnage, cession des terres dans le parc, participation à un groupe armé, achat et vente des espèces et espaces protegés,…
11 seulement ont été acquittés par la justice. Il s’agit uniquement des messieurs, précise Uhoze car les gardes parcs n’arrêtent pas les femmes qu’à la 5e infraction.
La construction d’une clôture électrique, de près d’une cinquantaine des kilomètres, encore insignifiante par rapport au parc, a pour but non seulement de délimiter le parc avec les populations riveraines mais aussi lutter contre le conflit homme-animal. Car la loi reste muette d’un côté de ce problème.
“Si un homme tue un animal protégé même s’il ravage son champs, l’homme est condamné ; mais si l’animal protégé tue l’homme, la loi est muette sur qui paie en paie le prix”, explique Uhoze.
Alors que Virunga Alliance développait déjà le tourisme dans certains sites, ils sont fermés suite à l’insécurité comme BUKIMA, NYIRAGONGO, GIKERI, MIKENO. Seul CHEGERA reste opérationnel et a reçu plus 7 mille touristes en 2023.
A travers la mise en place des centrales hydroélectriques et des fonds spéciaux de cette organisation à utilité sociale, la société Alliance Virunga booste l’entreprenariat local afin de participer au développement des communautés riveraines du Parc.
Ce qui permettra à la population de ne plus se servir dans le parc. Ce qui explique la naissance des entreprises comme la chocolaterie à Mutwanga, une usine à presse huile, une usine de graine de chia et de café, une savonnerie et la création de trois zones industrielles dans lesquelles les entrepreneurs ont des facilités comme accès à un courant de qualité et de crédit financier avec des taux d’intérêt avantageux. 581 entreprises ont déjà bénéficié de ce crédit -électricité. Une enveloppe de 2 millions déjà déboursés pour soutenir les entrepreneurs en plus des formations.
Le développement économique impulsé par le Parc national des Virunga et Virunga Energies (tourisme, électricité, agriculture, entreprenariat) génère des dizaines de millions d’activité économique au Nord Kivu (contributions au PIB). Ensemble, ils sont le premier employeur de la Province du Nord Kivu
Plus de 6600 emplois indirects ont été créés dans les PMEs grâce à l’électricité, dont environ 400 occupés par d’anciens membres de groupes armés
Plus de 5 millions USD ont été payés en 2021 comme taxes et contributions fiscales.
411 Petites et Moyennes Entreprises (PME) bénéficient de prêts financiers remboursables à travers leur consommation d’électricité pour un montant total de 3,9 m USD.
8000 petits producteurs reçoivent un appui direct ou indirect à travers les coopératives.
Alors que les régions dans lesquelles Virunga Energie fournit l’électricité avec tous les avantages comme la gratuité du courant pour les écoles, les structures sociales comme les hôpitaux, cette société ne sait pas encore fournir la même qualité d’énergie en ville de Butembo pour des raisons politiques.
Les mêmes manigances politiques qui permettent aux politiciens des construire des écoles dans le parc, imposent des concessions de distribution non avantageuses à la population dénonce Uhoze qui souligne qu’ils sont en négociations pour avoir le droit de ne-fut ce que fournir l’électricité dans une commune de la ville de Butembo.
Cet échange a ainsi débouché sur l’idée d’un partenariat pour voir comment la communauté universitaire pourrait participer à la recherche visant à protéger la biodiversité du parc.
Rédigé par Hervé Mukulu