Pour la première fois, journée mondiale des Rangers de chaque 31 juillet a été commémorée au Parc National d’Upemba. Pendant ce temps, cette aire protégée continue de faire face à d’énormes défis, notamment des attaques de miliciens contre ses écogardes, ainsi que le braconnage de ses espèces. Ceci dit, les responsables du PNU multiplient les efforts pour relever ces défis.
Par Jonas Kiriko
Dans son mot de circonstance prononcé en marge de cette journée et dont le site de Lusinga a servi de cadre, le Directeur et Chef de Site Adjoint Innocent Mburanumwe a placé cette commémoration sous le signe du recueillement.
« En ce jour d’aujourd’hui, le Parc National de l’UPEMBA célèbre cette journée en mémoire de tous les conservateurs et éco-gardes d’heureuse mémoire qui sont tombées sur le champ d’honneur, ainsi que l’engagement volontaire des éco-gardes qui sacrifient leur vie pour la protection de notre planète », a-t-il déclaré.
Apres la minute de silence observé en mémoire des disparus, ce responsable en a profité pour appeler à plus de mobilisation autour de ce patrimoine commun qu’est le parc national de l’Upemba.
« Très chers amis du PNU, les conservateurs/ éco-gardes que nous sommes avons, besoin de votre soutien pour conserver durablement ce patrimoine naturelle que Dieu nous a légué. Les communautés autours devraient s’investir dans la dénonciation des actes de braconnage pour décourager les destructeurs de tout genre. Nous disons merci à ceux qui le font et nous leurs demandons de continuer à nous prêter mains forte dans ce domaine », a-t-il conclu.
Pour cette année 2024, la journée mondiale des rangers a été célébrée sous le thème «30 d’ici 30» en référence à l’exigence des nations unies selon laquelle, d’ici 2030, 30% de la planète soit efficacement conservé.
Au cours de cette commémoration, plusieurs activités ont été organisées à Lusinga quartier général du PNU. C’est entre autres, une parade d’honneur, une cérémonie de recueillement et un match amical de football.
Coût humain
En juin 2024, le parc a perdu un de ses gardes dans une deuxième attaque d’un groupe de milices Maï Maï au cours d’un semestre.
«Depuis le début de l’année 2024, le parc national d’Upemba a perdu deux gardes et un autre a été grièvement blessé lors de l’attaque de janvier. Cela ne devrait pas devenir la nouvelle norme pour la conservation en RD Congo », peut-on lire sur le site internet du parc.
Plusieurs groupes des miliciens opèrent dans la zone, rendant ainsi difficile le travail des écogardes.
« Sa mort marque une nouvelle page difficile pour la conservation en RDC. Comment les rangers peuvent-ils continuer à protéger ces doux géants s’ils sont attaqués par des groupes armés ?», s’interrogent les responsables du PNU.
L’année 2023, en la même période, un autre écogarde a été tué par le même groupe de miliciens lors d’une patrouille de reconnaissance d’éléphants.
« Avec la présence des milices actives dans le parc et aux environs, une menace constante pèse sur les opérations au parc. Dans certaines zones du parc, il est difficile d’opérer sans une possibilité d’accrochage avec des hommes armés. Ceci occasionne d’autres activités illégales que nous essayons de mitiger, comme le braconnage et l’établissement des certaines colonies illégales dans la zone intégrale du parc », a déclaré Antonio Longangi, chargé de communication du parc national d’Upemba.
La situation sécuritaire est l’une des causes qui font qu’au stade actuel, le tourisme n’ait pas encore repris dans le parc d’Umpemba. Cependant, les autorités s’activent à remettre tout dans l’ordre, afin que l’exceptionnelle biodiversité que regorge cette aire protégée profite aux visiteurs.
Braconnage
Le braconnage reste la principale menace pour la biodiversité du PNU. En 2022, 51 incidents de braconnage ont été enregistrés et 32 braconniers appréhendés par les rangers. Cela inclut à la fois le braconnage de viande de brousse et le braconnage d’ivoire, motivés par les pratiques culturelles et la demande du marché externe, rapporte le service de communication de l’Upemba.
Upemba et Kundelungu, des parcs nationaux créés dans le Katanga respectivement en 1939 et en 1976, sont les principaux fournisseurs de la viande de brousse pour les grands centres urbains. Cette viande est au menu de la plupart des restaurants des provinces du Haut-Katanga et de Lualaba. Dans les grands marchés tels que Mzee Laurent Désiré Kabila et Kenya en ville de Lubumbashi, des étalages entiers sont réservés à la viande de brousse.
La rentabilité économique de la viande de brousse, les croyances traditionnelles, le besoin de subsistance et le manque d’alternatives économiques sont les principales raisons du braconnage à l’intérieur du parc national de l’Upemba.
Avancées
Le parc d’Upemba reste le plus grand employeur de la région, avec 95 % des éco-gardes issus des communautés environnantes, a indiqué Longangi. Cela comprend le personnel civil qui, en grande partie, est local.
“Les 200 gardes, issus des communautés environnantes, bénéficient d’une prime qui permet d’injecter des fonds dans l’économie locale au-delà des dispositions que nous obtenons localement. Les opérations au parc national de l’Upemba ont un impact positif sur les communautés locales en termes d’opportunités économiques et professionnelles“, a-t-il déclaré.
En plus, le PNU dit avoir introduit des alternatives économiques et alimentaires.
« Nous avons lancé un programme de résilience alimentaire, AGRIFOOD, en partenariat avec la délégation de l’Union Européenne en RDC, la FAO et autres .partenaires. Il y a aussi eu des travaux de réforme du secteur de la pêche dans la zone annexe du PNU, principalement aux abords du lac Upemba » poursuit-il.
Par cette réforme le parc attend permettre la restauration des espèces du lac, l’amélioration des activités de pêche, la structuration des comités de pêcheurs, l’appui aux femmes commerçantes et la réactivation économique de cette zone dont l’économie repose sur la pêche et l’agriculture.
Il faut noter qu’en 2017, Forgotten Parks a signé un contrat de partenariat public-privé avec l’Institut Congolais pour la conservation de la nature (ICCN) pour la gestion, réhabilitation et développement des parcs nationaux Upemba et Kundelungu dans le cadre du Complexe Upemba-Kundelungu.
Trois ans après, le contrat a été revu amenant Forgotten Parks à ne se focaliser qu’au seul Parc National de l’Upemba (PNU), offrant ainsi une assistance social et humanitaire limitée à Kundelungu et à la Reserve Ornithologique de Tchangalele. D’après Antonio Longangi, l’intervention de Forgotten Parks porte sur trois domaines à savoir la sécurité, la conservation et le développement
En outre cette mission vise à établir des partenariats effectifs avec des organisations gouvernementales et non gouvernementales, pour la restauration écologique du PNU, et pour faire du PNU un modèle de conservation participative en RDC et un moteur vert du développement local dans la région.